« La mer l’envahit et s’y logea » – Camões, l’être glocal

Résumé

Le cinq-centième anniversaire de la naissance de Camões invite à une réflexion sur d'autres formes de savoir, dans la lignée de l'esprit de la Renaissance qui façonne les réactions humaines, tant extrinsèques qu'intrinsèques, sans pour autant ignorer les phénomènes politiques, sociaux, culturels, historiques… locaux et globaux qui ont contribué à sa genèse. Figure majeure du croisement entre littérature, arts, sciences et histoire, qui, avec et par lui, continuent d'établir un dialogue fécond, l'auteur de Filodemo transcende le temps et se démystifie par la puissance de son œuvre. Le mythe camonien est réalité même, alimentant des projets, plus ou moins légendaires, soutenus par tous ceux qui ressentent le prestige de Camões, selon l'idée que tout rend hommage, d'une manière ou d'une autre, au Poète qui, même non nommé, est toujours invoqué par la célébration des réussites portugaises et par la qualité et la pertinence de son œuvre. La réalité de la vie et de l'œuvre de Camões constitue un matériau qui a alimenté un flot de théories, tant au sein qu'à l'extérieur du monde lusophone. Ce flot, qui la propulse dans la contemporanéité, témoigne de sa pertinence et souligne comment le poète incarne certains concepts, formulés seulement aux XXe et XXIe siècles, tels que la mondialisation, la glocalisation, ou encore la préoccupation écologique. Ainsi, une esthétique hétérodoxe d'une séduction manifeste légitime le rapport du grand public à l'œuvre de Camões, attisant le feu sacré de Vesta que revendique le panthéon d'Athéna.