Vie et œuvre, figure et mythe de Camões – « sujet dangereux »

Résumé

Le 500e anniversaire de la naissance de Luís Vaz de Camões a recentré l'attention sur la figure de l'écrivain et la construction de son mythe personnel, parfois sous la tentation de recourir à une approche biographique fallacieuse, extrapolant les données et tentant, parfois de manière fantaisiste, de combler les lacunes informationnelles. Les récits de la vie de Camões se sont inscrits dans le code de la biographie en tant que genre littéraire, avec ses catégories et ses thèmes, issu d'une longue tradition humaniste. Quoi qu'il en soit, la vie de Camões a fourni à son œuvre littéraire une riche palette de motivations et d'éléments biographiques, même si certaines contingences et expériences ont pu être réinterprétées par le poète, à l'instar de celles attribuées à de grandes figures historiques ou à des héros d'épopées et de fables mythiques. Mais Camões était avant tout un créateur de figures exceptionnel ; et sa création figurative s'étend à lui-même, persona que ses lecteurs ont diversement présenté. Luís de Camões savait que la figure est fiction et diction. Aux mouvements de l'auteur vers la construction figurative du mythe personnel s'ajoutent de nombreux autres mouvements de réception critique et créative. Dans son œuvre, Camões se révèle comme une « matière dangereuse », dans la mesure où il crée une poésie du savoir endogène, d'une beauté éclatante et d'une complexité problématique entre connaissance expérientielle et « compréhension supérieure » augustinienne. L'effet de sens découle souvent du déplacement sémantique de termes clés – comme c'est le cas avec « pena » (stylo) et « experiência » (expérience) – et laisse ouverte la portée problématique de nombreux autres concepts et données existentiels – comme c'est le cas avec « mal » (mal) et « caso » (cas). À des moments cruciaux de l'œuvre de Camões, ce défi idiolectal touche à des thèmes importants – tels que « a mudança » (changement) et « ocascerto » (désarroi) – et les soumet à un traitement subversif, jusqu'à ce que la crise soit surmontée.